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Occitane
19 mars 2008

Film "L'assiette sale"

Hier soir, j'ai vu "L'assiette sale", documentaire de Denys Piningre.

Si ce film passe près de chez vous, je vous conseille d'aller le voir. Vous ne le verrez pas à la télé, il n'est pas recensé chez allociné. Bref, c'est un document confidentiel, confiné par force aux ATAC et assoc du genre.

Le film commence par évoquer la situation de travailleurs saisonniers marocains, en règle avec leur statut, mais employés comme esclaves dans une plantation des Bouches-du-Rhône. Exploités à fond, ils doivent fournir le matériel (sécateurs, escabeau), payer pour squatter un taudis, boire l'eau épaisse d'un puits, respirer les pesticides et effectuer des heures supplémentaires jamais payées.
Un jour, ils ont fait grève...

Le film explique le besoin impératif des exploiteurs en main-d'oeuvre docile pour ses coups de bourre saisonniers, il glisse ensuite sur les besoins en pesticides, l'impasse de l'agriculture intensive.

Il arrive à la responsabilité du consommateur (c'est probablement le passage le plus subversif pour la télé). Ca ne fait pas de mal de la réexpliquer :
Si j'achète des produits dont je sais qu'ils sont douteux (exemple  de saison : les fraises)
auprès d'un réseau de distribution dont je sais qu'il vole le producteur en l'obligeant à vendre à perte,
qu'il le pousse à des pratique sociales frauduleuses et éhontées (travail clandestin, travail des enfants...),
à des pratiques dangereuses pour l'environnement et pour moi,
qui conduisent à des dépenses de santé colossales, 
et qu'il pousse l'Etat à pallier au prix d'achat trop bas par des subventions avec mes impôts, 
et si de plus, je sais qu'il me vole, moi, cliente, en multipliant le prix d'achat par 7,

si donc j'accepte sciemment de faire fonctionner ce système,
que j'y prends part  bien que je sois éclairée sur le sujet (j'en entends parler tous les jours)
alors je ne peux pas me dire que je suis un simple gogo.
Je suis obligée de me reconnaître responsable, à l'origine du système.
J'ai ce que je choisis, à moi de choisir une alternative au lieu de fermer les yeux ou de geindre.   

A la grande différence des films du même genre, il termine sur un note d'espoir, en évoquant les AMAP.  Maigre consolation ? Peut-être, mais il faut savoir que les Japonais sont les inventeurs des AMAP, et qu'ils achètent un tiers de leurs légumes par ce biais.

Par ailleurs, j'ai beaucoup apprécié la présence (pas seulement physique, mais complète) du réalisateur. Il sait se détacher de son film comme s'il en avait fait des dizaines d'autres du même style. Il ne polémique pas, il reste "pessimiste par réalisme, optimiste par volonté". 

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Commentaires
Y
Merci pour ce message qui donne envie de voir le film et qui pose d'excellentes questions. J'ai "allongé la sauce" sur mon blog Histoires avec un truc de cantine vieux de ce midi.
C
Il me semble quand même avoir entendu parler de ce problème aux infos, à une époque où je les regardais encore, de travailleurs saisonniers exploités et logés d'une façon scandaleuse.
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