Hier, je traînais du côté de Gimont à l'heure du marché au gras : 9h30 pour les carcasses. On appelle carcasse ce qui reste d'un palmipède gras privé de ses plumes, de l'extrémité de ses pattes et de son foie. Ca fait encore une jolie pièce presque intacte avec la viande, le gras, la tête, la boyasse, le gésier garni de maïs...
Quatre producteurs dans la halle (plutôt des productrices) avec devant soi quelques canards bien rangés sur les tables blanches, tête pendante. Quelques chalands. Au stand de découpe, le boucher chôme. Bien calme, ce marché ; je le croyais plus important que celui de Samatan, il en est loin. Je découvre qu'il ferme pendant l'été, c'est peut-être l'explication. Dimanche ouvrira en plus la Grasse Matinée, le marché dominical...
10h30, c'est l'heure des foies. Ben oui, ça ne se vend pas en même temps que les carcasses, s'il y avait de l'affluence, comment on ferait ? En fait, il est 10h25. Je compte 35 personnes qui tournent autour de 5 cagettes tenues fermées jusqu'à l'heure H.
Le siffleur surveille ostensiblement sa montre presque sans relever l'œil depuis une minute. Il interpelle des curieux qui voudraient ouvrir les cagettes, merci de patienter quelques secondes. On se dirait à l'ouverture des locations pour le dernier spectacle des Rolling Stones avant leur retraite.
Finalement, le siffleur siffle. Un papy soulève le couvercle de sa cagette, découvrant un énorme foie blanc et tout figé, un seul. Les autres cagettes restent fermées. Les gens râlent, ils sont parfois venus de loin, ils ont poireauté une heure en endurant la suffisance du siffleur qui savait comme tout le monde sauf eux que tout s'était vendu à 8h par tractations secrètes, et il repartent grosjean comme devant.