VW, du pain sur la planche !
J'aime aller chercher le pain. Quand je vais chez mon boulanger, il me reçoit avec un vrai sourire, et il reçoit de même les clients de passage, qu'ils lui achètent une simple baguette ou un gros gâteau.
Quand il a une nouveauté, il m'en offre un exemplaire, comme ça, pour que j'y goûte. Quand je lui amène des visiteurs, ils repartent avec un pain de plus. Un jour que j'étais accompagnée de mes filles, il leur a mis des gâteaux au chocolat dans la poche.
Si je le questionne sur un pain, il me donne tant de détails sur les ingrédients qu'il y met et sur sa fabrication que j'en suis espantée. J'en apprends dix fois plus que je demande.
Aujourd'hui, nous avons acheté une voiture, de celles qui coûtent plusieurs milliers de fois le prix d'un pain. Le vendeur nous regardait de haut, pas seulement parce qu'il est plus grand que nous. Il semblait persuadé qu'il ne ferait pas affaire avec nous. Nous voulions des renseignements sur l'aménagement intérieur des différents modèles d'une gamme. Nous avions pu voir à l'autre bout de la ville un modèle d'occasion en exposition, mais le petit jeune qui le présentait ne savait pas manipuler les sièges pour les déplacer, les transformer. Celui-là était aimable, et ne percevait aucune commission. Nous ne savions pas encore que nous arrêterions notre choix sur ce véhicule, entre autres parce qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras.
Car tu auras quoi ? Difficile de s'en faire une idée.
L'un des modèles de la gamme est vendu uniquement à Montpellier ou à Bordeaux, à condition qu'il y soit présenté, ce qui est improbable. Quant aux autres modèles, ils sont très rarement en exposition, c'est ainsi. Alors, il faut choisir sur des plaquettes de carton glacé, d'après des textes aussi techniques qu'édifiants et des photos à la fois esthétiques et précises :
Un second vendeur se prétendait renseigné sur les différentes options, mais il s'est retranché derrière sa spécialité dans les véhicules neufs pour ne pas venir en aide à un collègue mal informé qui empocherait la commission.
Pas un véhicule, pas une maquette, pas une video, pas un technicien, rien que du flan pour écouler des voitures à 30 ou 40 000 €.
Le vendeur tient à ce que nous rencontrions la financière. Allons écouter son boniment. Elle assène froidement son plan de financement dans un jargon de spécialiste. Je ne suis pas spécialiste, mais j'ai la chance de saisir une bonne moitié du discours, et je sais que René saisit le reste. Je pense à des petits vieux ou à des gens qui ne comprennent pas vite, ne comptent pas vite ou simplement n'ont pas de malice.
Gênés de se sentir ignorants, écrasés par l'arrogance de la financière, ils signent rapidement sans lire la feuille qu'on leur tend.
Nous avons rendez-vous mercredi pour échanger la voiture contre un chèque dûment certifié par la banque. Nous offrira-t-on le café ?
Décidément, j'aime mieux acheter du pain qu'une voiture.