Le marché de Sa matan
Tous les lundis, je vais au marché. Hier, il y avait du monde. La saison du gras (qui ne s'arrête jamais vraiment) a commencé. Cela veut dire qu'il se vend sous la halle des quantités phénoménales de foie gras en quelques minutes (jusqu'à une tonne !), plus les "carcasses", c'est à dire le canard (ou l'oie) plumé et privé de son foie.
Ce n'est pas trop mon truc, j'aime mieux voir les volailles vivantes, sous l'autre halle. Il se trouve toujours une race de poule que je n'avais pas encore remarquée, ou de pigeon ou de lapin. Hier, je cherchais les petits cochons gascons, tout noirs et tout jolis. Ils n'y étaient plus. A leur place, un grand lama me toisait d'un air arrogant et fâché. J'ai préféré faire le tour. Je suis passée devant des paons, des perruches, des oeufs d'autruches, des furets, des chatons, des oies de Guinée et de Toulouse, une chèvre et un cochon chinois. Il était trop tôt pour entrer dans l'enclos des volailles "bonnes à manger". Des fermières debout derrière leur panier d'oeufs marqués attendaient dignement dans le froid. Décidément, le marché est plus gai sans la grippe aviaire !
Je regarde les bestioles pour le plaisir. Dans cette halle, je prends mes légumes auprès de mamies qui essaient d'arrondir leur retraite avec les produits de leur jardin. En hiver, le choix est restreint, mais on trouve plusieurs sortes de choux, des betteraves rouges, carottes, salades, courges, pastèques à confiture et bien sûr l'ail et les haricots de pays.
Le reste du marché est plus ordinaire : vêtements, chaussures, alimentaire, plantes... Cependant, on peut s'y dépanner pour des articles introuvables sur place en semaine : mercerie, tissus et nappes, coordonnerie (au camion de Papy la Grolle), livres d'occasion et même une agence de voyage. En hiver, je prends la brousse (ou greuil ou ricotte) auprès d'une petite dame au coin de la salle des fêtes, c'est sûrement la meilleure brousse du monde !
Le pont est un lieu stratégique, on ne peut pas l'éviter. Alors, les vieux s'y postent en attendant leurs femmes et causent, adossés aux rambardes, guettant le passage d'autres vieux qui viendront grossir ces grappes de bavards, obligeant par leur nombre les passants à descendre du trottoir et à louvoyer entre les voitures. Tant que le vieux est sur le pont, la femme a du temps pour faire ses commissions !
Il y aurait des tas de photos à faire, mais j'ai le déclencheur très timide en public. Alors, je raconte...